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PROGRAMME 2014

19 & 20 mars
ORFEO 2000 - Cendrillon
Le Tréport
du 5 au 12 avril
OSTINATO
05/04 : St Martin en Campagne
06/04 : Ville d'Eu
07/04 : Neufchâtel en Bray
08/04 : Abbeville
09/04 : Neufchâtel en Bray
10/04 : Ville d'Eu
11/04 : Dieppe
12/04 : Paris
Samedi 5 avril
Journée des Métiers d'Art
Atelier des clavecins de la Vallée de la Bresle
Samedi 21 juin
Fête de la musique
du 12 au 20 juillet
Ateliers de musiques anciennes
12/07 : St Martin en Campagne
13/07 : Ville d'Eu
15/07 : Mers les Bains
16/07 : Le Crotoy

17/07 : Le Tréport
18 et 20/07 : Ville d'Eu
Dimanche 21 septembre
Journée du patrimoine
Ville d'Eu
6 ou 13 ctobre
Musique & cinéma
Mers les Bains
13 ou 14 novembre
Les lettres persanes avec Alain Bezu - Ville d'Eu
Samedi 22 novembre
Beaujoljazz
Saint-Quentin Lamotte
du 13 au 21 décembre
Concerts de Noël
13/12 : St-Martin en Campagne
14/12 : Rieux
20/12 : Fresnoy-Folny
21/12 : Neuville-Ferrière

 
  CONCERT


Un concert pour
CENDRILLON

d’après Charles Perrault
VIVALDI, RAMEAU, FRESCOBALDI...

ORFEO 2000

LE TRÉPORT
Mercredi 19 mars 2014 : animations
- 10h : Collège Rachel Salmona
- 15h Espace Culturel et Social l’Ancrage


Jeudi 20 mars 2014 : concert
- 20h : Chapelle Saint-Julien

Entrée 10 euros - Gratuit pour les moins de 16 ans -
Renseignements & réservations au 06 78 19 78 75


© Nicoletta QUAZZOLO


Un concert pour Cendrillon
Dès leur parution en 1697, les " Contes de ma mère l’oye " connaissent un succès retentissant qui ne s’est jamais démenti jusqu’à nos jours. L’un de ceux qui a le plus frappé l’imaginaire populaire est " Cendrillon ou la
petite pantoufle de vair ".
Il existe de très nombreuses interprétations, basées sur les personnages du conte et sur ses thèmes. Récit initiatique, satyre morale, critique politique ? On y retrouve les vieux thèmes populaires sur des formes et des figures caractéristiques des mythes indo-européens.
Beaucoup d’artistes, illustrateurs, musiciens, chorégraphes se sont inspirés de cette histoire haute en couleurs, traversée par le fantastique. En multiples lectures, l’oeuvre de Perrault est passée à la postérité La mise en forme littéraire, loin de le figer et de l’éloigner de son origine orale, le fait bondir dans l’éternité de l’imaginaire populaire.

Un projet culturel pour les quartiers du Tréport
Mercredi 19 et Jeudi 20 Mars, Orfeo 2000 viendra à la rencontre des habitants des quartiers du Tréport, en particulier des plus jeunes. Tout un programme d’animations soutenu par la municipalité et concerté avec des partenaires tels que le collège Rachel Salmona, l’espace Social et Culturel Social «L’Ancrage», le Centre de Loisirs. Ne manquez pas de suivre Cendrillon dans l’aventure qui a fait rêver des millions d’enfants, jeunes et moins jeunes...



© Nicoletta QUAZZOLO


Les intervenants

Jean-Pierre MENUGE, flûte
Vouant à la flûte à bec, à la musique ancienne et à la facture de clavecin une passion de longue date, Jean-Pierre MENUGE met à son actif de très nombreux concerts en France, ainsi qu'en Angleterre, en Allemagne, aux Pays Bas, en Belgique, en Suisse, en Roumanie, en Pologne où il anime depuis près de 10 ans un stage d’interprétation sous l’égide du Ministère de la Culture. Professeur honoris causa du Conservatoire Frédéric Chopin de Cracovie, il s’est produit aux côtés de très nombreux musiciens dont certains aussi prestigieux que James BOWMAN ou Jaap SCHRÖDER. Il a eu l'occasion de collaborer à des productions cinématographiques ("George Dandin", "Louis, Enfant Roi" de Roger Planchon). Jean-Pierre MENUGE s'intéresse par ailleurs à la facture de clavecin. C’est un de ses instruments, copie de Tibaud (1691 Toulouse) sortis de son atelier que l’on
entendra lors de ce concert.


Anne-Lise GILLET, clavecin
Après avoir obtenu plusieurs Premiers Prix au CNR d’Aubervilliers (piano, accompagnement, musique de chambre), Anne-Lise Gillet entre à l’Ecole Normale de Musique de Paris dans la classe de Lucile Bascourret. Très engagée dans une pratique assidue de la musique de chambre, elle se passionne pour la musique baroque, se tourne vers le clavecin et donne de nombreux concerts comme continuiste. Elle se perfectionne actuellement auprès de Béatrice Piertot. Elle est aujourd’hui professeur de piano et accompagnatrice au Conservatoire d’Abbeville.








Marie-Laure DESBORDES, comédienne
Formée à l'Ecole d’acteur Claude Mathieu à Paris, Marie-Laure Desbordes a joué, entre autres, « l'Honnête Homme et le Monde » de Giacomo Leopardi, « la Femme comme champ de bataille » de Mateï Visniec, « Lysistrata » d'Aristophane, « Caligula » de Camus, « Vernissage » de Vaklav Havel, « Comédie et Va-et-Vient » de Beckett, et dernièrement « De Humanis Humoribus » qu'elle a conçu, en partenariat avec Caroline Ducrest, danseuse et Boris Bénézit, musicien, spectacle mis en scène par Jean-Denis Monory. Elle a mis en scène « Morceaux de vie et autres petits tracas » de Lilian Lloyd et"Puck" un spectacle musical jeune public dont elle est également l'auteur. Elle met ses compétences à la disposition des publics amateurs, qu’elle initie aux techniques de l’acteur et qu'elle met en scène dans des textes contemporains et classiques. Elle continue régulièrement à se former aux différentes techniques théâtrales ( Jean-Claude Penchennat, Bernard Bloch et Philippe Lanton, Olivier Mellor) et notamment au théâtre baroque avec Jean-Denis Monory.


 


Cendrillon
ou la petite pantoufle de verre

Girolamo FRESCOBALDI 1583-1643
Flûte et basse continue
Il était une fois un Gentilhomme qui épousa en secondes noces une femme, la plus hautaine et la plus fière qu'on eût jamais vue. Elle avait deux filles de son humeur, et qui lui ressemblaient en toutes choses. Le Mari avait de son côté une jeune fille, mais d'une douceur et d'une bonté sans exemple ; elle tenait cela de sa Mère, qui était la meilleure personne du monde. Les noces ne furent pas plus tôt faites, que la Belle-mère fit éclater sa mauvaise humeur; elle ne put souffrir les bonnes qualités de cette jeune enfant, qui rendaient ses filles encore plus haïssables. Elle la chargea des plus viles occupations de la Maison: c'était elle qui nettoyait la vaisselle et les montées, qui frottait la chambre de Madame, et celles de Mesdemoiselles ses filles ; elle couchait tout au haut de la maison, dans un grenier, sur une méchante paillasse, pendant que ses soeurs étaient dans des chambres parquetées, où elles avaient des lits des plus à la mode, et des miroirs où elles se voyaient depuis les pieds jusqu'à la tête. La pauvre rifle souffrait tout avec patience, et n'osait s'en plaindre à son père qui l'aurait grondée, parce que sa femme le gouvernait entièrement.
Lorsqu'elle avait fait son ouvrage, elle s'allait mettre au coin de la cheminée, et s'asseoir dans les cendres, ce qui faisait qu'on l'appelait communément dans le logis Culcendron. La cadette, qui n'était pas si malhonnête que son aînée, l'appelait Cendrillon; cependant Cendrillon, avec ses méchants habits, ne laissait pas d'être cent fois plus belle que ses soeurs, quoique vêtues très magnifiquement.


Anne-Danican PHILIDOR 1681-1728
Flûte et basse continue
Il arriva que le Fils du Roi donna un bal, et qu'il en pria toutes les personnes de qualité : nos deux Demoiselles en furent aussi priées, car elles faisaient grande figure dans le Pays. Les voilà bien aises et bien occupées à choisir les habits et les coiffures qui leur siéraient le mieux ; nouvelle peine pour Cendrillon, car c'était elle qui repassait le linge de ses soeurs et qui godronnait leurs manchettes. On ne parlait que de la manière dont on s'habillerait.

-Moi, dit l'aînée, je mettrai mon habit de velours rouge et ma garniture d'Angleterre.
-Moi, dit la cadette, je n'aurai que ma jupe ordinaire; mais en récompense, je mettrai mon manteau à fleurs d'or et ma barrière de diamants, qui n'est pas des plus indifférentes.


On envoya quérir la bonne coiffeuse, pour dresser les cornettes à deux rangs, et on fit acheter des mouches de la bonne Faiseuse : elles appelèrent Cendrillon pour lui demander son avis, car elle avait le goût bon. Cendrillon les conseilla le mieux du monde, et s'offrit même à les coiffer ; ce qu'elles voulurent bien. En les coiffant, elles lui disaient:

-Cendrillon, serais-tu bien aise d'aller au Bal ?
-Hélas, Mesdemoiselles, vous vous moquez de moi, ce n'est pas là ce qu'il me faut.
-Tu as raison, on rirait bien si on voyait un Culcendron aller au Bal.


Une autre que Cendrillon les aurait coiffées de travers ; mais elle était bonne, et elle les coiffa parfaitement bien. Elles furent transportées de joie. On rompit plus de douze lacets à force de les serrer pour leur rendre la taille plus menue, et elles étaient toujours devant leur miroir.

Ponctuation flûte
Enfin l'heureux jour arriva, on partit, et Cendrillon les suivit des yeux le plus longtemps qu'elle put ; lorsqu'elle ne les vit plus, elle se mit à pleurer. Sa Marraine qui la vit toute en pleurs, lui demanda ce qu'elle avait. Je voudrais bien... je voudrais bien... Elle pleurait si fort qu'elle ne put achever. Sa Marraine, qui était Fée lui dit :

-Tu voudrais bien aller au Bal, n'est-ce pas ? Hélas oui, dit Cendrillon en soupirant.
-Hé bien, seras-tu bonne fille ? dit sa Marraine, je t'y ferai aller.


Elle la mena dans sa chambre, et lui dit :

-Va dans le jardin et apporte-moi une citrouille.


Cendrillon alla aussitôt cueillir la plus belle qu'elle put trouver, et la porta à sa Marraine, ne pouvant deviner comment cette citrouille la pourrait faire aller au Bal. Sa Marraine la creusa, et n'ayant laissé que l'écorce, la frappa de sa baguette (ponctuation clavecin), et la citrouille fut aussitôt changée en un beau carrosse tout doré. Ensuite elle alla regarder dans sa souricière, où elle trouva six souris toutes envie; elle dit à Cendrillon de lever un peu la trappe de la souricière, et à chaque souris qui sortait, elle lui donnait un coup de baguette (ponctuation clavecin), et la souris était aussitôt changée en un beau cheval ; ce qui fit un bel attelage de six chevaux, d'un beau gris de souris pommelé. Comme elle était en peine de quoi elle ferait un Cocher :

-Je vais voir, dit Cendrillon, s'il n'y a point quelque rat dans la ratière, nous en ferons un Cocher.
-Tu as raison, dit sa Marraine, va voir.


Cendrillon lui apporta la ratière, où il y avait trois gros rats. La Fée en prit un d'entre les trois, à cause de sa maîtresse barbe, et l'ayant touché (ponctuation clavecin), il fut changé en un gros Cocher, qui avait une des plus belles moustaches qu'on ait jamais vues. Ensuite elle lui dit :

-Va dans le jardin, tu y trouveras six lézards derrière l'arrosoir, apporte les-moi.


Elle ne les eut pas plus tôt apportés que la Marraine les changea en six Laquais, qui montèrent aussitôt derrière le carrosse avec leurs habits chamarrés, et qui s'y tenaient attachés, comme s'ils n'eussent fait autre chose toute leur vie. La Fée dit alors à Cendrillon :

-Hé bien, voilà de quoi aller au Bal, n'es-tu pas bien aise ?
-Oui, mais est-ce que j'irai comme cela avec mes vilains habits?


Sa Marraine ne fit que la toucher avec sa baguette (ponctuation clavecin), et en même temps ses habits furent changés en des habits de drap d'or et d'argent tout chamarrés de pierreries ; elle lui donna ensuite une paire de pantoufles de verre, les plus jolies du monde. Quand elle fut ainsi parée, elle monta en carrosse; mais sa Marraine lui recommanda sur toutes choses de ne pas passer minuit, l'avertissant que si elle demeurait au Bal un moment davantage, son carrosse redeviendrait citrouille, ses chevaux des souris, ses laquais des lézards, et que ses vieux habits reprendraient leur première forme.


Charles DIEUPART ?-1740

flûte et basse continue
Elle promit à sa Marraine qu'elle ne manquerait pas de sortir du Bal avant minuit. Elle part, ne se sentant pas de joie. Le Fils du Roi, qu'on alla avertir qu'il venait d'arriver une grande Princesse qu'on ne connaissait point, courut la recevoir ; il lui donna la main à la descente du carrosse, et la mena dans la salle où était la compagnie. Il se fit alors un grand silence; on cessa de danser et les violons ne jouèrent plus, tant on était attentif à contempler les grandes beautés de cette inconnue. On n'entendait qu'un bruit confus: Ah, qu'elle est belle ! Le Roi même, tout vieux qu'il était, ne laissait pas de la regarder et de dire tout bas à la Reine qu'il y avait longtemps qu'il n'avait vu une si belle et si aimable personne. Toutes les Dames étaient attentives à considérer sa coiffure et ses habits, pour en avoir dès le lendemain de semblables, pourvu qu'il se trouvât des étoffes assez belles, et des ouvriers assez habiles. Le Fils du Roi la mit à la place la plus honorable, et ensuite la prit pour la mener danser.

 

Ponctuation flûte
Elle dansa avec tant de grâce, qu'on l'admira encore davantage. On apporta une fort belle collation, dont le jeune Prince ne mangea point, tant il était occupé à la considérer. Elle alla s'asseoir auprès de ses soeurs, et leur fit mille honnêtetés : elle leur fit part des oranges et des citrons que le Prince lui avait donnés, ce qui les étonna fort, car elles ne la connaissaient point. Lorsqu'elles causaient ainsi, Cendrillon entendit sonner onze heures trois quarts : elle fit aussitôt une grande révérence à la compagnie, et s'en alla le plus vite qu'elle put. Dès qu'elle fut arrivée, elle alla trouver sa Marraine, et après l'avoir remerciée, elle lui dit qu'elle souhaiterait bien aller encore le lendemain au Bal, parce que le Fils du Roi l'en avait priée. Comme elle était occupée à raconter à sa Marraine tout ce qui s'était passé au Bal, les deux soeurs heurtèrent à la porte ; Cendrillon leur alla ouvrir.

-Que vous êtes longtemps à revenir ! leur dit-elle en bâillant, et se frottant les yeux, et en s'étendant comme si elle n'eût fait que de se réveiller;

Elle n'avait cependant pas eu envie de dormir depuis qu'elles s'étaient quittées. Si tu étais venue au Bal, lui dit une de ses soeurs, tu ne t'y serais pas ennuyée : il y est venu la plus belle Princesse la plus belle qu'on puisse jamais voir, elle nous a fait mille civilités, elle nous a donné des oranges et des citrons. Cendrillon ne se sentait pas de joie: elle leur demanda le nom de cette Princesse; mais elles lui répondirent qu'on ne la connaissait pas, que le Fils du Roi en était fort en peine, et qu'il donnerait toutes choses au monde pour savoir qui elle était. Cendrillon sourit et leur dit :

-Elle était donc bien belle ? Mon Dieu, que vous êtes heureuses, ne pourrais-je point la voir ? Hélas ! Mademoiselle Javotte, prêtez-moi votre habit jaune que vous mettez tous les jours.
-Vraiment, dit Mademoiselle Javotte, je suis de cet avis, prêtez votre habit à un vilain Culcendron comme cela: il faudrait que je fusse bien folle.


Cendrillon s'attendait bien à ce refus, et elle en fut bien aise, car elle aurait été grandement embarrassée si sa soeur eût bien voulu lui prêter son habit. Le lendemain les deux soeurs furent au Bal, et Cendrillon aussi, mais encore plus parée que la première fois. Le Fils du Roi fut toujours auprès d'elle, et ne cessa de lui conter des douceurs ; la jeune Demoiselle ne s'ennuyait point, et oublia ce que sa Marraine lui avait recommandé, de sorte qu'elle entendit sonner le premier coup de minuit, lorsqu'elle ne croyait pas qu'il fût encore onze heures : elle se leva et s'enfuit aussi légèrement qu'aurait fait une biche : le Prince la suivit, mais il ne put l'attraper ; elle laissa tomber une de ses pantoufles de verre, que le Prince ramassa bien soigneusement.

 

Jean-François DANDRIEU "La follète"
Cendrillon arriva chez elle bien essoufflée, sans carrosse, sans laquais, et avec ses méchants habits, rien ne lui étant resté de toute sa magnificence qu'une de ses petites pantoufles, la pareille de celle qu'elle avait laissée tomber. On demanda aux Gardes de la porte du Palais s'ils n'avaient point vu sortir une Princesse; ils dirent qu'ils n'avaient vu sortir personne, qu'une jeune fille fort mal vêtue, et qui avait plus l'air d'une Paysanne que d'une Demoiselle. Quand ses deux soeurs revinrent du Bal, Cendrillon leur demanda si elles s'étaient encore bien diverties, et si la belle Dame y avait été ; elles lui dirent que oui, mais qu'elle s'était enfuie lorsque minuit avait sonné, et si promptement qu'elle avait laissé tomber une de ses petites pantoufles de verre, la plus jolie du monde ; que le Fils du Roi l'avait ramassée, et qu'il n'avait fait que la regarder pendant tout le reste du Bal, et qu'assurément il était fort amoureux de la belle personne à qui appartenait la petite pantoufle.
Elles dirent vrai, car peu de jours après, le Fils du Roi fit publier à son de trompe qu'il épouserait celle dont le pied serait bien juste à la pantoufle. On commença à l'essayer aux Princesse ensuite aux Duchesses, et à toute la Cour, mais inutilement. On l'apporta chez les deux soeurs, qui firent tout leur possible pour faire entrer leur pied dans la pantoufle, mais elles ne purent en venir à bout.
Cendrillon qui les regardait, et qui reconnut sa pantoufle, dit en riant : Que je voie si elle ne me serait pas bonne, ses soeurs se mirent à rire et à se moquer d'elle. Le Gentilhomme qui faisait l'essai de la pantoufle, ayant regardé attentivement Cendrillon, et la trouvant fort belle, dit que cela était juste, et qu'il avait ordre de l'essayer à toutes les filles. Il fit asseoir Cendrillon, et approchant la pantoufle de son petit pied, il vit qu'elle y entrait sans peine, et qu'elle y était juste comme de cire. L'étonnement des deux soeurs fut grand, mais plus grand encore quand Cendrillon tira de sa poche l'autre petite pantoufle qu'elle mit à son pied. Là-dessus arriva la Marraine, qui ayant donné un coup de sa baguette (ponctuation clavecin) sur les habits de Cendrillon, les fit devenir encore plus magnifiques que tous les autres.
Alors ses deux soeurs la reconnurent pour la belle personne qu'elles avaient vue au Bal. Elles se jetèrent à ses pieds pour lui demander pardon de tous les mauvais traitements qu'elles lui avaient fait souffrir. Cendrillon les releva, et leur dit, en les embrassant, qu'elle leur pardonnait de bon coeur, et qu'elle les priait de l'aimer bien toujours. On la mena chez le jeune Prince, parée comme elle l'était : il la trouva encore plus belle que jamais, et peu de jours après, il l'épousa. Cendrillon qui était aussi bonne que belle, fit loger ses deux soeurs au Palais, et les maria dès le jour même à deux grands Seigneurs de la Cour.